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Commerce international Avec la PAC réformée, l'UE veut relancer le cycle de l'OMC

PARIS, 27 juin (AFP) - Aussitôt la réforme de la PAC adoptée, les Européens ont salué un compromis utile pour relancer les négociations à l'OMC, ce que les Etats-Unis ont reconnu seulement à demi-mot, rejoignant d'autres grands pays exportateurs pour juger que l'Europe devait faire encore davantage.

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De l'Allemagne à la France en passant par l'Espagne, la Grèce, l'Italie ou la Pologne, tous les grands pays agricoles de l'Union européenne (UE) -et futurs membres- ont salué une réforme obtenue grâce aux efforts de chacun, en mettant en avant son importance pour relancer les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), où le volet agricole est dans l'impasse.

"La décision de l'UE de réformer sa politique agricole commune est un pas en avant nécessaire qui, nous l'espérons, fournira une aide utile aux négociations à l'OMC", a réagi le représentant américain au Commerce Robert Zoellick, alors que Washington a coutume de faire de l'UE et des subventions de sa PAC le bouc-émissaire dans les négociations commerciales mondiales.

La réforme prévoit notamment un découplage partiel des aides directes aux agriculteurs du niveau de leur production et une baisse de certains prix d'intervention qui soutiennent les cours dans l'Union.

De quoi faire dire au directeur de l'OMC Supachai Panitchpakdi que cela "devrait amener des progrès supplémentaires dans le domaine agricole" pour l'importante réunion de l'OMC en septembre à Cancun (Mexique).

Mais cet optimisme peut sembler hâtif, tant les camps en présence, Europe, Etats-Unis et pays exportateurs du groupe Cairns (Australie, Nouvelle-Zélande, Brésil, Argentine...) fourbissent leurs armes pour Cancun.

"Le capital de négociations donné par cette réforme ne pourrait être utilisé efficacement au sein de l'OMC qu'à condition que nous bénéficiions de contre-parties", a lancé le commissaire à l'Agriculture de l'UE Franz Fischler.

Les autres négociateurs devront "mettre des concessions équivalentes sur la table", a complété le commissaire au Commerce Pascal Lamy, rappelant que la loi agricole américaine (Farm Bill) de 2002 avait augmenté le montant des aides aux agriculteurs, à rebours des idées défendues à l'étranger par les Etats-Unis.

"Il faudra que les Etats-Unis modifient leur Farm Bill actuel" pour un succès à l'OMC, a ajouté M. Lamy, espérant de la sorte déplacer le débat sur les subventions vers les Etats-Unis.

"Sans de nouvelles propositions de l'UE en matière d'agriculture à l'OMC, le monde ne peut pas complètement évaluer l'impact de la réforme de la PAC", lui a répliqué Robert Zoellick.

Le ministre australien du Commerce Mark Vaile a lui déploré que l'UE n'ait pas totalement découplé le versement de ses aides du niveau de production.

Entre les deux camps, le ministre canadien des Finances John Manley a jugé urgent de "s'attaquer à la tendance des Etats-Unis et de l'UE à subventionner (leurs agricultures) à un niveau que nous considérons très excessif".

Outre les subventions, le débat agricole à l'OMC pourrait cependant se cristalliser sur la réduction des droits de douane, les Etats-Unis et le groupe de Cairns souhaitant une baisse drastique, l'Europe et le Japon privilégiant une approche plus progressive.

Reste que les réactions à la réforme de la PAC laissent à nouveau de côté le débat sur les surplus des pays du Nord vendus au Sud à des prix de dumping, alors que de nombreux pays pauvres voudraient protéger davantage leurs marchés, pour donner du travail aux paysans et nourrir la population.


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